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Bienvenue sur le site du Colliote. - Site actualisé le : 25 Juillet 2013
 


LE RETOUR A LA PRESQU’ILE


Quand du Navire j'aperçois la maternelle ville
Un attrait mystérieux m'attire et m'invite
Le saint Sidi Lekbir face à la corniche gracile
Et la mythique Djerda, la perle de mon asile
C’est le lieu qui m'est cher, le refuge qui m'habite

Au large de la sublime baie que la presqu'île abrite
Parmi les passagers, sur le pont du vaisseau
Mon coeur gai et triste, s'emballe et palpite
Tout en moi frissonne, frémit et s'agite
Et mes yeux fascinés au regard du berceau

Comme éperdu, sans pouvoir détourner les yeux
Du navire, je contemple ce pays si beau !
La verdure des collines, le soleil lumineux
Brille en harmonie avec l'azur des cieux
Comme si tous, ces objets eussent été nouveaux

Soudain comme si le temps a suspendu son vol
Une larme sucrée coule, sur ma joue en silence
Dans l'émoi du tête à tête avec l'adorable sol
Sur ce site admirable, la nostalgie s'envole
Ame enfin allégée du fardeau de l’absence

Mon frais asile aux frondaisons vertes de sève
Debout sur le vieux quai, je parle à moi-même
J’écoute la vague gémir, comme le flot sur la grève
Comme un enfant à l’ombre du rocher rêve
Ou comme un paysan, je laboure et je sème.

Sur la corniche les charrettes en bonne distance
Chargées de légumes frais, humectés par la rosée
Tirées par des mulets trottant en pas de cadence
Dans l'antique port les barques glissent avec aisance
Et à l'horizon émerge un disque d'or irisé

Au bord de la baie, les filles emportées par la oie
Glissent comme des signes, sous la blancheur des voiles
Sur le rivage, les citadins raffinés et courtois
Musent sous un ciel bleuté, aux plissements de soie
Et la lune naissante navigue dans un océan d'étoiles

La belle cyclade, nébride, éblouissante de beauté
La baie des jeunes filles magique et pleine de charme !
Sa miraculeuse source indicible et enchantée
Sa plage embaumée aux parfums d'été !
Ravit nos coeurs et voile nos yeux de larmes

Devant la grande mosquée, le ficus centenaire
La place s'est couronnée du précieux trophée
Sous cet arbre robuste, relique et séculaire
Le voyageur assoupi à son ombre salutaire
Respire l’haleine parfumée, dans un conte de fées

Sous le vieux clocher, on entend le pendule
Son timbre en vibre mélodieux et candide
Répéter l’heure que l’écho du rocher module
Sa voix en cadence berce les enfants crédules
Les yeux remplis d’azur et la tête sans rides

La haut, le saint veille et fier se recueille
Sur la cité, la montagne, la mer et les bourgs
Sur la vallée et la vaste plaine avec orgueil
Chéraïa ses beaux vergers et ses merveilles
Debout sur le faite du mont voila Sidi Achour

À ses pieds Tamanart, la plage enjôleuse
Sur la terrasse Dar amar à l'orient sourit
Le Tabana scrute l’immense baie gracieuse
Et la plaine de Téléza aux prairies joyeuses
Où coule la rivière de lauriers roses fleuris

Je promène mes regards pétillants de plaisir
Sur la ville de mon enfance, admirant ses rivages
Ce tranquille, les vestiges puniques, le menhir
J’entends là, frémir en moi l’essaim des souvenirs
Et voyager à travers le temps et les âges

Les cymaises ondulées s'étendent sur la mer
Meurent dans l'infinie plage riante et sublime
Les hommes semblent comblés par les dons de l’éther
Les mythiques rochers et les arbustes amèrs
La presqu'île au milieu d'un lac sans écumes

Au bord de la crique, dans ce fluide miroir
La jeune Anna Grégoire par le soleil dorée
Dans le chaste silence, elle venait s’asseoir
Sur le rocher embaumé, par l’air du soir
Exalter les charmes de sa plage adorée

Assis au bord du quai, les mains autour des tempes
La vague en murmurant me fait un reproche
Une lueur timide venait des vielles lampes
Éclairant à moitié les barques sous la rampe
Et la pointe des blagueurs sur les gorges de roche

La haut Dar amar près de ses sources pérennes
On entend sourdre l'eau sous la ronce et la fougère
Assise comme Diane, pleurant prés des fontaines
Là, dans la quiétude, mon âme est sereine
Dés l'aube un Rai de l'aurore inonde ma paupière

À l'ombre de la vigne le même rossignol chante
Entre les stores naïfs, passe un peu de lumière
Tout s'émeut d'une grâce inconnue et touchante
De sa voix berçante, douce et émouvante
Mon père me sourit en disant ses prières

Des vergers des fleurs tout est doux rien ne bouge
Sous son chech, il parle bas, on entend que le bruit
De l’encensoir léger frôlant mes narines rouges
Et la mélodie que l'oiseau émet de sa loge
Pendant que le benjoin gris, vers le ciel s'enfuit

On entend le mouedhen* au gosier vigoureux
Qu’il pleuve, qu'il vente qu'il fasse beau temps
De la mosquée répète son appel religieux
Son écho au loin semble un chant mélodieux
La voix suave de l'homme, veille sur les temps

Souvent de ce hameau, au coeur de la compagne
Au hasard mes regards survolent la vaste plaine
Embrassent le rivage et caressent la montagne
De nonchalants navires passent au large et s'éloignent
Puis s'évanouissent dans la mer lointaine

Ainsi, je contemple l'horizon et l'infini espace
Le sémaphore d'Hyppone comme un astre cligne
Au dessus du mont Edough, il montre sa face
Un instant, puis timide se retire et s'efface
Au large une barque à voiles, étend ses ailes de signe

J'aperçois de ma fenêtre quand l’astre se penche
Les villageoises empressées, sur le chemin lentement
Convergeant vers la plage comme des colombes blanches
Les femmes sur le temps, semblent prendre leur revanche
Elles avancent deux à deux d'un pas sûr et charmant

La claire fontaine où jeune, je buvais de son eau pure
Je voyais des ombres passer désertant le lavoir
Des femmes en hâte ramassaient le linge des bordures
Les oiseaux se croisaient dans un ciel d'azur
Et le troupeau rassasié d’herbe venait à l'abreuvoir

Ô ma ville natale, J'aime tes bleus horizons
Et ta presqu'île royale en ses jeunes atours
Les vergers d'amandiers, les arbres en floraison
Du légendaire Banca** et sa relique maison
Sur le bord du chemin, aux nonchalants détours.

Ô champs paternels au manteau suranné !
Irisé de narcisses et le thym sous la fougère
Dans ces vergers, mes ancêtres se sont fanés
C'est là où je suis né et vécu mes primes années
Hélas ! Chaque printemps c'est la même flore éphémère.

Med Salah Belabed

*Cherifi Abdelmadjid
** Guemired Mohamed dit Banca